Le Bihan, Mabin, Sawl
Yves Tanguy
Éd. Palantines
Première monographie importante
depuis celle de Patrick Walberg (1977), Yves Tanguy offre un double
regard sur la biographie et l'œuvre parisienne (1923-1939) et américaine
(1940-1955) de ce pilier du surréalisme. À Paris, Yves
Tanguy peignant depuis 1923 un expressionnisme métaphysique,
rencontre Masson, Desnos, Péret, Aragon et Breton en 1925. Évolution
radicale. Se partageant entre les réunions de la rue du Château
(cadavres exquis, recherches sur l'inconscient et la sexualité,
expériences automa tiques) avec Duhamel, les frères Prévert
et Man Ray, Leiris, Queneau, Bataille; celles de la rue Fontaine, chez
Breton; les virées pochetrones au quartier Montparnasse; les
expositions de groupe; les illustrations de livres; et d'autres rencontres
(dont Pierre Matisse, ami d'enfance et gale riste, le mettant en relation
avec le milieu artistique new-yorkais); Tanguy peint des espaces indéterminés
où formes pures et objets d'une précision proche de la
technique des primitifs Flamands évoluent dans un monde sans
repères de "latence totale'', un ailleurs au fond du peintre.
Il est de tous les combats du surréalisme (prière d'insérer
du Second Manifeste, projection de l'Age d'or de Bunuel /Dali en 1930,
manifestation antifas ciste en 1934) et se "mondialise" vite
(expositions à New York, Hollywood et San Francisco en 1936 puis
à Londres en 38 grâce à Peggy Guggenheim). En 1939,
il suit la peintre Kay Sage à New-York où il retrouve
Pierre Matisse et s'installe à Woodbury. Là, inspiré
par Cranach, Bosch, la Bataille de San Romano d'Uccello, il connait
le succès et produit de monumentaux ensem bles de motifs organiques
aux dimensions mentales vertigineuses. Palais "globulaires",
idéogrammes de jade, d'ivoire, de corail, décrivant un
monde archaïque de mémoire en marche. Celui de la reconnaissance
?
Louis-José Lestocart